"Nous sommes prêts à faire preuve de flexibilité sur les quotas", a déclaré M. Fischler à Tallinn, après trois jours passés dans les pays baltes. "Nous espérons que les informations en notre possession nous donneront de solides arguments", a-t-il ajouté, avant de reprendre l'avion pour Bruxelles. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie figurent parmi les dix candidats espérant finaliser leurs négociations avant la fin de l'année pour adhérer à l'UE en 2004. Mais ces discussions s'annoncent difficiles en fin de parcours sur les questions agricoles. Lors d'une réunion lundi avec M. Fischler, les trois ministres de l'Agriculture ont lancé un appel conjoint en vue d'un traitement spécifique pour leurs fermiers, indiquant qu'ils avaient dû faire des efforts monumentaux pour s'adapter aux nouvelles structures libérales depuis leur indépendance retrouvée en 1991. Désormais, tous trois craignent d'être pénalisés par l'UE sur la fixation de quotas bien plus bas que ceux existant à la fin des années 90 lorsqu'ils avaient reçu de plein fouet les conséquences de la crise économique de la Russie voisine, leur principale destination d'exportation. "Nos pays ont dû s'adapter à une totale transformation du secteur agricole pour modifier le système des fermes collectives puis s'adapter à la thérapie de choc du système des entreprises privées", a souligné le ministre estonien de l'Agriculture Jaanus Marrandi mercredi. Tout en laissant entrevoir une certaine souplesse pour répondre aux inquiétudes baltes sur les quotas, M. Fischler a souligné que ces trois pays ne pourront pas obtenir davantage d'aide que celle proposée dans le domaine agricole. A savoir, 25% du montant de celle accordée aux agriculteurs des Quinze lors de leur première année d'adhésion à l'UE. "Nous devons être réalistes", a-t-il souligné. "Certains Etats membres ne veulent pas du tout de versement d'aide directe et le budget de l'UE est serré". Comme nombre d'autres pays candidats, dont la Pologne voisine, les Etats baltes sont mécontents du plan Fischler car ils ne se retrouveront au même niveau d'aide directe que dix ans après leur adhésion. Mais le Commissaire à l'Agriculture a rappelé qu'en sus de ces aides, les nouveaux adhérents bénéficieront de plusieurs autres formes de soutiens, dont des prêts pour les fermiers en difficulté. "L'agriculture estonienne sera bien mieux dans l'enceinte européenne qu'en dehors", a déclaré M. Fischler, réitérant une position déjà exprimée aux trois pays baltes et à la Pologne, la semaine dernière. Les Quinze finaliseront leur position sur la question agricole lors de leur sommet d'octobre à Bruxelles. Des discussions dures sont prévues entre eux puisqu'elles porteront sur ceux qui bénéficient de cette manne et ceux qui doivent la verser dans la perspective de l'élargissement. M. Fischler s'est cependant déclaré optimiste que l'agriculture ne deviendra pas un obstacle. "Je suis sûr que l'agriculture ne se transformera pas en un barrage à l'élargissement", a-t-il dit. "Je ferai tout ce que je peux pour l'éviter". |